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En même temps qu’il s’agrandissait, le Club diversifiait ses activités.
Dès 1970, il monte la pièce de Tintin Pasqualini « u scrutinu dépouillé ». Elle aura un gros succès en Corse mais aussi sur le continent où elle sera jouée des dizaines de fois.
En 1972, le Club invente une formule qui fera son chemin en Corse, c’est « a veghja » dans laquelle se mêlent chants, poèmes et histoires.
D’autres prendront le relais et reproduiront la formule. Depuis, des membres du Club se retouvent sur les planches dans les structures u Teatrinu et Unità Teatrale.
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Chanteur du groupe Tavagna, Jean-Pierre Lanfranchi est aussi comédien et metteur en scène. Il enseigne également à l'atelier d'Art Dramatique du Centre Culturel de Bastia.
Il mettra en scène a Pesta, puis au sein de la compagnie Unità Teatrale dont il est le fondateur, un grand nombre d'oeuvres théatrales comme Signore Magu, a Moresca di Corsica, A l'Antigona, Sogni à l'arrizzà , dans lesquelles la langue corse tout autant que le chant tiennent une place prépondérante, avec l'implication, indéfectible, du groupe Tavagna ainsi que d'autres amis et musiciens, comme Malcolm Bothwell.
Unità Teatrale est également organisatrice du festival de théatre corse "E Teatrale", à Bastia :
- Edition 2004 du 10 au 17 avril.
- Edition 2005 du 9 au 17 mai.
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C'est en mai 1996, au théatre municipal de Bastia, que Jean-Pierre Lanfranchi met en scène une adaptation en corse par Pierre Agostini de l'"Etat de Siège" de Camus.
Cette pièce, difficile sans doute, n'avait pratiquement jamais été jouée depuis l'échec de sa première en 1974.
On peut y voir trois thèmes : Le premier, c'est bien le démontage des mécanismes du terrorisme, la Peste s'amparant du pouvoir par l'intimidation, la peur, la mort et les institutions et le peuple s'imprégnant de cela. Le second est celui de l'impossible recherche du bonheur individuel dans le malheur collectif.
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Le troisième est la terrible question de savoir si l'homme n'a pas plus peur de la liberté que de la pire des tyrannies, l'oeuvre de la Rédemption par le sacrifice de quelques uns ne servant pas de leçon. Si à l'époque le thème était urgent pour la Corse, il s'avère tout aussi urgent aujourd'hui et pour tous.
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En Corse, de nos jours, nous n'avons guère conservé, comme l'ont fait certains peuples méditerranéens, la pratique des grandes réjouissances publiques et il faut fouiller le passé de l'île et remonter plus d'un siècle en arrière pour retouver les traces de la Moresca, fête véritablement nationale et très ancienne qui n'avait lieu que dans les occasions extraordinaires.
L'abbé Gaudin qui la décrit en 1784 nous montre le vif intérêt que nos ancêtres avaient pour cette oeuvre qui rappelle les luttes de jadis entre la Croix et et le Croissant dans notre île.
Peu importait alors que la vérité historique n'y trouvât pas son compte ! C'est en amalgamant des faits de nature différente, d'époques diverses et de durée incertaine, en associant Dieu, les hommes et la nature dans une entreprise intemporelle que le spectacle flattait les penchants guerriers et excitait les courages.
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Aux affrontements, carnages, réconciliations et bains de sang des temps passés empruntés principalement aux écrits du Tasse, l'auteur Ghjuliu Gistucci a substitué un texte original qui renvoie la légende à son origine, au contexte de l'époque carolingienne en réalité beaucoup moins belliqueux.
De nos jours, le son, la lumière, la musique, le chant, les danses guerrières, mis en scène par Jean-Pierre Lanfranchi, s'entremêlent harmonieusement pour constituer un tout, auquel, en définitive s'intègre naturellement la victoire de l'envoyé papal Ugo Colonna qui restitue l'île à la chrétienté au début du neuvième siècle. C'est ce souci de vérité ainsi que les besoins du spectacle moderne qui ont conduit les auteurs à faire de la Moresca une réjouissance nocturne et vivante se voulant trait d'union entre les générations de jadis et notre modernité.
A Moresca di Corsica a été jouée les 24, 25, 26 et 27 juillet 2003 au pont d'Arena, commune de Tallone.
A Moresca di Corsica sera jouée les 22, 23, 24 et 25 juillet 2004 au pont d'Arena, commune de Tallone.
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Avec "A l'Antigona, meccanica maladetta", Jean-Pierre Lanfranchi et Unità Teatrale tissent une dramaturgie contemporaine sur la trame des anciens mythes du théatre grec.
A travers l'histoire des derniers Labdacides que sont Créon et Ismène, l'auteur, Ghjacumu Thiers, a porté l'attention sur les conflits permanents entre la volonté de puissance, l'orgueil et la conscience de soi. Ces personnages incarnent l'homme de toujours, prêt à se sacrifier pour un idéal vrai ou mensonger, à se perdre pour le parfum capiteux d'un printemps qui perce à travers un décor ravagé par la brutalité d'un destin aveugle.
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On croyait que l'Antigone de la tradition avait dressé devant son oncle Créon les dernières manifestations de l'orgueil d'OEdipe, mais voilà que la douce Ismène appelle à son tour à la révolte contre le roi de Thèbes. Quant à lui, il croit oeuvrer pour le bien public, pour "un projet de société", comme on dit aujourd'hui, mais c'est avant tout sa propre autorité qu'il veut affirmer.
Certes, l'histoire du monde traverse ces existences, mais c'est l'identité individuelle qui alimente la tragédie de personnages habités par l'égoïsme. Serviteurs, soldats et familiers assistent sans comprendre aux ravages d'une dimension tragique qui a abandonné le ciel pour se lover au coeur même des passions personnelles : amour et pouvoir.
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Nous ne pouvions que rendre hommage à Malcolm Bothwell, après ce remarquable travail de composition pour a Pesta, a Moresca di Corsica, A l'Antigona, en participant avec lui à la réalisation d'un CD, Tavagna canta Malcolm Bothwell, regroupant les chants les plus significatifs de ces trois pièces théatrales.
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